Fondée en 1993 par Barbara Shrier, la société de production Palomar a obtenu sa première accréditation On tourne vert pour son long métrage Brain Freeze sorti en 2021. Cela fait cependant plusieurs décennies que la productrice met en place des pratiques vertes sur ses plateaux. Il est donc tout naturel que l’excellence de ses actions ait été récompensée.

Brain Freeze, un projet pilote

Initié au moment où le programme On tourne vert était encore en gestation, la comédie noire au propos pro-écologique Brain Freeze a servi de projet pilote au Bureau du cinéma et de la télévision du Québec (BCTQ), au Conseil québécois des événements écoresponsable (CQEER) et à Québecor. Les responsables du CQEER se sont ainsi rendus sur le plateau pour observer les gestes verts institués par Barbara Shrier et son équipe.

Invitée à parler de l’écoresponsabilité lors du congrès annuel de en avril 2022, dans le cadre de la conférence : Productions écoresponsables -Comment mobiliser son équipe en tant que producteur ?, présentée par le BCTQ et On tourne vert,  la productrice de Brain Freeze a partagé ses bonnes pratiques auprès Christine Maestracci, présidente-directrice générale du BCTQ et la centaine de producteurs et productrices rassemblé.e.s pour l’occasion. « Ça a été un énorme succès. De nombreux producteurs sont venus me voir par la suite pour savoir par où commencer quand on veut effectuer un tournage vert », souligne-t-elle.

Les gestes verts du tournage de Brain Freeze

 Parmi les gestes verts les plus notoires du tournage de Brain Freeze, on compte :

  • Un plateau sans papier. Depuis ses débuts de productrice, Barbara Shrier tente de réduire le papier sur ses productions. « Cela fait des années que je prône des productions sans papier. Nous n’imprimons que le strict nécessaire », explique-t-elle. Plus de feuilles de services, plus de réductions de scénario sur le plateau. 
  • Une cantine écologique. L’Alliance québécoise des techniciens et techniciennes de l’image et du son (AQTIS) a offert à la production des ustensiles en bambou réutilisables. L’équipe de Brain Freeze était encouragée à apporter leur propre gourde d’eau et tasse à café, les bouteilles d’eau à usage unique étant bannies du plateau. Les deux collations quotidiennes étaient servies dans les contenants apportés par les artistes et techniciens, et ramenés chez eux le soir pour réutilisation le lendemain. Un tri des déchets étaient de rigueur sur le plateau selon trois bacs : compost, recyclage et déchets ménagers.
  • Le covoiturage. Les artistes et techniciens du tournage de Brain Freeze ont formé des groupes de covoiturage en fonction de leur lieu d’habitation. Les personnes s’engageant à transporter au moins deux autres personnes tout au long du tournage se voyaient rembourser leur essence. La production fournissait aussi aux conducteurs un stationnement à proximité du tournage. Les conducteurs de voitures individuelles n’avaient pas ces avantages.
  • Les transports en commun. Le personnel se déplaçant en transports en commun se voyait rembourser leur carte OPUS. En raison des horaires matinaux du tournage et des lieux de tournage éloignés, ce mode de transport n’était cependant pas toujours disponible.
  • Le recyclage des mégots de cigarettes. Barbara Shrier a convaincu l’AQTIS d’investir dans des contenants afin de collecter les mégots de cigarettes sur le tournage. Ceux-ci ont ainsi pu être recyclés grâce à une aide financière du CQEER. Les contenants ont ensuite été remis à l’AQTIS afin qu’ils puissent servir à d’autres.

Les étapes incontournables d’un tournage vert

 Selon Barbara Shrier, il y a quelques étapes incontournables à respecter pour mener avec succès un tournage vert. La première est de bien s’entourer. « À talent égal, il peut être opportun de privilégier une personne avec une sensibilité écologique plus prononcée », confie-t-elle. Elle prend aussi soin, en amont du tournage, d’exposer sa philosophie aux membres de son équipe.

La seconde étape est d’organiser des rencontres hebdomadaires avec les chefs de départements afin d’établir un plan d’action écoresponsable. Les bonnes idées sont ainsi échangées entre tous les membres de l’équipe : réduction de consommation en utilisant des piles rechargeables, cotons démaquillants réutilisables, location de décors et costumes, etc. Pour encourager les équipes, un prix peut être remis au département s’étant le plus illustré par ses bonnes actions.

La COVID-19, une période de changement vert

La pandémie de COVID-19 est survenue à quatre jours de la fin de tournage de Brain Freeze. L’équipe s’est ainsi vue contrainte d’arrêter le tournage pendant près de quatre mois. Interrompu en mars 2020, celui-ci n’a pu reprendre qu’en juillet de la même année.

La reprise n’a cependant pas été aussi fluide que prévue. « Lorsque nous avons repris le tournage, il y avait de nombreuses restrictions pour limiter la propagation du virus : port du masque jetable obligatoire, utilisation de bouteilles en plastique à usage unique et d’emballages individuels, interdiction du covoiturage… C’était un cauchemar », commente Barbara Shrier.

La COVID-19 a cependant aussi apporté un vent de changement vert. Certaines habitudes tenaces ont pu être corrigées au profit de gestes plus écologiques. Par exemple, la comptabilité a enfin pris son virage numérique… et vert. Il n’était plus nécessaire d’imprimer les feuilles de temps, factures et chèques. De plus, toutes les différentes étapes de la post-production étaient organisées autrement, notamment en privilégiant les visioconférences aux déplacements.

Avec le retour à la normale, les anciennes et nouvelles bonnes habitudes semblent persister. Tout porte donc à croire qu’à l’instar de Brain Freeze, les tournages seront dorénavant de plus en plus verts. Pour les producteurs et productrices souhaitant demander l’accréditation On tourne vert pour leur production, cliquez ici.