La production du film Chien Blanc réalisé par Anaïs Barbeau-Lavalette a reçu le niveau Performance de l’accréditation On tourne vert  (programme fondé par le Bureau du cinéma et de la télévision du Québec (BCTQ), du Conseil québécois des événements écoresponsable (CQEER) et de Québécor) pour son tournage écoresponsable. L’initiative suit la volonté de la réalisatrice de mettre en place un plateau vert pour son long métrage tourné au printemps 2021, entre Montréal et Vancouver. Une gageure relevée par la société de production Go Films

Les gestes écoresponsables de l’équipe de Chien Blanc

Pour Chien Blanc, la société de production Go Films a mis en place un plan d’action incitant l’équipe à pratiquer des gestes écoresponsables sur le plateau de tournage. Pour ce faire, l’équipe de production a transmis à chaque département une liste des bonnes pratiques, telles que décrites dans le Guide des bonnes pratiques de On tourne vert, notamment pour limiter le gaspillage et l’utilisation de produits chimiques.

Parmi les actions mises en place, on retrouve notamment la limitation de l’usage du papier. S’il était nécessaire d’imprimer certains documents pour l’équipe, par exemple les plans ou les calendriers, la production n’a imprimé les scénarios du film que sur demande justifiée, incitant les artistes et techniciens à consulter le plus possible le fichier électronique envoyé à tous via leurs téléphones, leurs tablettes ou leurs ordinateurs.

L’équipe a également procédé au recyclage et au compostage des matières. La production a mis en place le système de poubelles de couleurs, déjà appliqué à domicile : des sacs bleus pour le recyclage et des bacs bruns pour le compostage. Elle a aussi fait appel au programme Mégot Zéro de la Société pour l’action, l’éduction et la sensibilisation environnementale de Montréal (SAESEM) pour installer deux bornes permettant aux membres de l’équipe d’y déposer leurs mégots de cigarettes.

Les départements des costumes, des décors, du maquillage et de la coiffure ont utilisé autant que possible des produits réputés écoresponsables. Les costumes ont été loués ou achetés en friperie. Lorsqu’achetés, ils ont été revendus par la suite. Les meubles ont été choisis chez des antiquaires et récupérés par la suite. « Il est cependant difficile de récupérer tous les décors. Nous devons souvent construire les décors spécifiquement pour le film. Il est souvent difficile, au démontage, de s’assurer que les décors construits spécifiquement pour la production soient récupéré », précise Ronan Thomas, chargé de projet sur Chien Blanc.

Pour le transport, la production a acheté des crédits carbone pour les membres de l’équipe devant prendre l’avion, de même que pour les camions de matériel ayant fait la route entre les Montréal et Vancouver. À Vancouver, Stéphane Doyon, responsable de la logistique sur Chien Blanc, a loué des véhicules hybrides pour transporter les artistes et les techniciens. Il a de plus incité le plus possible au co-voiturage. « C’était plus difficile de louer des véhicules électriques à Montréal ou de faire du covoiturage en raison des règles de distanciation sociale », ajoute-t-il.

Vancouver, un lieu d’inspiration pour les tournages verts

Montréal et Vancouver proposent deux réalités très différentes pour les tournages verts. Selon la production de Chien Blanc, davantage d’initiatives sont déjà mis en place à Vancouver, rendant l’organisation d’un tournage vert plus facile et moins couteuse. Stéphane Doyon confie ainsi qu’il a pu appeler l’organisme de recyclage et de compostage Keep it recycling pour collecter le recyclage, les canettes et le compost. « Il y a un réseau déjà en place à Vancouver », confirme-t-il.

A Montréal, en revanche, il n’existe pas encore de services dédiés spécifiquement aux tournages verts. Par exemple, il n’est pas toujours possible d’obtenir de la municipalité des bacs bruns pour les tournages, ce qui contraint parfois les membres de l’équipe à apporter leurs propres bacs. Dans certaines localités, le compostage ne se fait même pas. Tout à fait gérable à l’échelle d’un petit tournage, la collecte du composte est ainsi plus difficile à l’échelle d’un tournage de long métrage d’une durée de plusieurs mois, qui plus est pendant l’été.

Pour assurer la bonne logistique d’un tournage vert, la production Go Films conseille d’engager un agent vert dédié. Sur des tournages de long métrage, notamment, où les journées de chacun sont déjà bien occupées, il est difficile de respecter les engagements prévus en amont. Sur Chien Blanc, c’est l’équipe de production en place qui s’en charge, mais les suivis sont difficiles à faire. Avoir un agent vert dédié qui peut assurer le respect des actions mise en place, mais aussi faire de la sensibilisation en amont et pendant le tournage auprès de chacun des départements, serait idéal.

L’embauche d’une personne dédiée pour un tournage vert engendre toutefois des coûts supplémentaires. Pour bien prévoir les dépenses, l’équipe de production Go Films conseille de faire un budget. Pour Chien Blanc, elle avait prévu plus de 20 000 dollars de dépenses à Montréal, et près de 7 000 dollars de dépenses à Vancouver. Pour compenser ces dépenses, la production a essayé d’obtenir des subventions pour assurer au mieux un tournage écoresponsable, sans trop impacter le budget de la production, mais ils ont obtenu seulement la bourse de la Ville de Montréal pour l’accompagnement de la part d’une firme de consultants en écoresponsabilité. Il a donc fallu à la production ajuster ses actions écoresponsables à ses moyens financiers.

En résumé, pour organiser un tournage vert, le processus idéal est de décider en amont des actions à mettre en place et d’y sensibiliser les collaborateurs. Pendant la production, embaucher un agent vert à plein temps permettrait de faire un vrai suivi du respect de ces actions pour chaque département. Enfin, il faudrait que les organismes de subventions mettent en place des aider pour soutenir les productions dans leur envie de mettre en place des tournages plus verts, sans trop impacter le budget des films.

Si vous voulez en savoir plus sur comment rendre votre tournage écoresponsable, renseignez-vous sur l’accréditation On tourne vert en cliquant ici.