Réalisé par Guillaume Harvey et produit par La Créative Films, la production Le dernier rhinocéros a reçu le prix Plateau de tournage écoresponsable remis à la 10ème édition des Vivats le 8 novembre 2021. Le tout nouveau prix s’inscrit dans la lignée de l’initiative On tourne vert du Bureau du cinéma et de la télévision du Québec (BCTQ), du Conseil québécois des événements écoresponsable (CQEER) et de Québécor. Quelques jours avant l’annonce des Vivats, la production recevait d’ailleurs une accréditation On tourne vert de niveau 3 : Excellence.
Exemples de bonnes pratiques écoresponsables sur les plateaux de tournage
Pour mettre en place les bonnes pratiques écoresponsables sur le plateau de Le dernier rhinocéros, La Créative Films s’est inspirée de la règle des 5R popularisée par la bloggeuse écologiste Béa Johnson afin d’inciter à réduire la production de déchets. Productrice chez La Créative Films, Mylène Corbeil explique que les 5 R signifient :
- Refuser tous les produits à usage unique
- Réduire la consommation des biens
- Réutiliser et réparer les objets cassés
- Recycler ce qui ne peut pas être réutilisé
- Rendre à la terre, à savoir composter
Sur le tournage de Le dernier rhinocéros, les 5R se sont d’abord concrétisés dans des actions pour réduire les déchets. Le membres de l’équipe ayant apporté leurs propres tasses et gourdes, il y avait peu de récipients ou d’emballages jetables, recyclables ou compostables. « Il n’y a presque pas eu de poubelles sur le plateau, sauf une journée, à cause des décors. Comme c’est un film sur l’éveil face aux problématiques écologiques, on a dû acheter des assiettes jetables, ballons en latex, emballages cadeaux ou encore verres en plastique pour figurer une fête dans figurant des habitudes de surconsommation », précise Estelle Champoux, productrice chez La Créative Films.
La société de production a aussi œuvré pour réduire la consommation d’essence. L’équipe a limité les déplacements individuels sur la Rive Sud de Montréal, à Laval et à Grandy — où se déroulait le tournage — en privilégiant le covoiturage. La Créative Films a également rassemblé deux départements — les éclairagistes et les machinistes — dans un même camion pour diminuer le nombre de véhicules. « Nous avons de plus utilisé l’électricité des maisons dans lesquelles nous tournions pour limiter l’utilisation des génératrices à essence », ajoute Mylène Corbeil.
Les productrices ont choisi un traiteur écoresponsable pour les repas et collations de l’équipe durant le tournage — Nougat & Nectarine de Céline Carbonneau — et une cantinière écoresponsable — Ariane Beaulieu. La nourriture était servie dans des boîtes à lunch métalliques qui, tout comme les couverts en métal fournis pendant les repas, étaient lavables et réutilisables. « Seules les salades étaient dans des plats en carton, et ils étaient compostables », note Estelle Champoux. Le petit budget de la production n’a cependant pas toujours permis d’opter pour des produits locaux, qui sont souvent dispendieux.
Le tournage écoresponsable : un défi pour les courts métrages
L’objectif de La Créative Films était de montrer que faire un tournage écoresponsable dans le cadre d’un court métrage est possible. Cela ne vient toutefois pas sans défis. Le premier défi auquel la production a fait face est le budget restreint : « Quand nous produisons un court métrage, tous les sous sont comptés », expliquent les deux productrices. En accord avec le réalisateur Guillaume Harvey, elles ont donc dès le départ réservé un budget de 2000$ pour le tournage écoresponsable.
Certaines actions ont aussi posé des difficultés, comme par exemple le compostage. Il est possible de louer un container pour collecter le compost, mais le coût d’une telle location — autour de 600$ — est souvent trop élevé pour les courts métrages. Sur place, la production a utilisé le bac à compost du bureau et de la maison dans laquelle elle tournait pour collecter le compost. Les membres de l’équipe se sont donc organisés entre eux en apportant leurs propres bacs de compost pour transporter les déchets et les sortir au même moment que leurs déchets personnels.
En tout et pour tout, les actions mises en place sur le tournage de Le dernier rhinocéros ont coûté autour de 300$. Le reste du budget alloué au plateau vert — soit 1700$ — sera utilisé pour racheter le Co2 produit pendant le tournage. Après avoir calculé leur production carbonique sur le calculateur Albert — On tourne vert a produit un article pour explique comment utiliser ce calculateur —, La Créative Films donnera l’équivalent en argent à une initiative verte, comme le plantage d’arbres par exemple. Elle sera ainsi carbo-neutre.
Quelques conseils pour un tournage vert réussi
Mylène Corbeil et Estelle Champoux soulignent que chaque tournage est différent et qu’il faut sans cesse réinventer ses actions vertes. Pour chaque tournage, elles préconisent de réfléchir à l’avance à une liste d’actions à mettre en place sur le plateau. « Nous avons envoyé un courriel à toute l’équipe avec une lettre d’engagement décrivant les actions écoresponsables à mettre en place pendant le tournage », expliquent-elles. Elles ont aussi listé, département par département, les actions spécifiques recommandées dans le Guide des bonnes pratiques et les ont suggérées à leurs départements, sans toutefois les imposer.
Un autre conseil est d’assurer un suivi avec l’ensemble de l’équipe aux différents moments de la production pour vérifier que les actions sont respectées. « Plus ça avance, plus on manque de temps. Il est facile de retomber dans des habitudes qu’on sait rapides, mais qui ne sont pas écologiques », confie Mylène Corbeil.
En fin de compte, en implémentant une politique de tournage vert, La Créative Films espère changer les mentalités et donner aux membres de l’équipe l’envie de poursuivre ses gestes écoresponsables sur leurs futurs plateaux. L’idéal seraient que ces gestes deviennent part entière de leur processus de travail. Si vous voulez en savoir plus sur comment rendre votre tournage écoresponsable, renseignez-vous sur l’accréditation On tourne vert en cliquant ici.