Falcon Lake de Charlotte Le Bon reçoit l’accréditation On tourne vert grâce à son tournage écoresponsable
Afin de réduire la pollution générée par les productions cinématographiques et télévisuelles, le Bureau du cinéma et de la télévision du Québec (BCTQ), le Conseil québécois des événements écoresponsable (CQEER) et Québécor ont mis en place en 2021 un plan d’action valorisant les tournages écoresponsables. L’accréditation On tourne vert récompense les productions qui encouragent sur leurs plateaux les gestes pour réduire la consommation des ressources naturelles, gérer efficacement les matières résiduelles, sensibiliser les équipes, baisser la consommation énergétique et diminuer les gaz à effet de serre.
Grâce à son tournage écoresponsable, qui s’est déroulé à l’été 2021, le film Falcon Lake — réalisé par Charlotte Le Bon et produit par Metafilms, Cinéfrance et Onzecinq — a reçu le niveau 3 de l’accréditation On tourne vert, soit le plus haut niveau donné par le comité indépendant de On tourne vert. Les gestes écoresponsables appliqués durant le tournage ont été pensés en amont à l’initiative du producteur Sylvain Corbeil. « Sylvain est une personne très concernée par la préservation de l’environnement dans sa vie personnelle autant que dans sa vie professionnelle ! », confie l’adjointe de production Ji Won Jeong.
Plusieurs départements se sont distingués par leurs actions écoresponsables. Le département chargé du transport a mis en place un covoiturage pour emmener l’équipe de Montréal à Saint-Jérôme, dans les Laurentides, où elle était hébergée pendant le tournage. Ce département a également organisé des navettes régulières grâce à une fourgonnette qui pouvait transporter jusqu’à sept passagers, de la salle d’appui au plateau de tournage situé en pleine nature près de Gore.
Le département de la régie s’est occupé de la collecte et du tri des matières résiduelles. Elle a installé sur le plateau de tournage des bacs de compostage et de recyclage. Les contenants pour les collations — car chaque collation devait être emballée individuellement pendant la pandémie de COVID-19 — étaient 100% compostables. « Nous avons interdit les bouteilles en plastique à usage unique. Tout le monde devait apporter sa gourde d’eau ou son thermos de café », explique Ji Won Jeong.
Le service traiteur Alex & Milène s’est démarqué par ses plats faits maison avec des aliments biologiques et locaux. Ils ont offert des options végétariennes à chaque repas, de même que des options froides ne nécessitant pas de réchauffer la nourriture. Ils ont aussi fourni des assiettes réutilisables, ainsi que des couverts compostables. « Je me rappelle qu’au lieu d’utiliser des touillettes en bois, ils proposaient des pâtes alimentaires : j’ai trouvé ça vraiment original et minutieux de leur part », souligne Ji Won Jeong. Les restants de nourriture étaient partagés à l’équipe en fin de journée pour limiter le gaspillage, et ce qui ne pouvait pas être donné était composté.
Le département artistique a fait des efforts pour rénover et décorer le vieux chalet qui servait de décor au film avec des matériaux présents sur place — selon les principes de l’architecture vernaculaire — ou en achetant des meubles dans les magasins d’antiquité de la région. Le scénario écrit pour la production de Falcon Lake a aidé dans la mesure où les descriptions des décors permettaient l’utilisation d’objets de seconde main.
Tout au long du tournage, le département de production a mené des campagnes de sensibilisation auprès de son équipe. Des pancartes ont par exemple été accrochées dans les différents lieux de vie et de travail — toilettes, salle à manger, espace de repos — pour rappeler d’éteindre les lumières. Des notes étaient distribuées pour indiquer que tel ou tel ustensile était recyclable ou compostable. Des courriels ont été envoyés pour rappeler aux membres de l’équipe de ne pas jeter leurs mégots de cigarettes par terre.
De manière générale, l’ensemble de l’équipe s’est montrée de bonne volonté pour observer les gestes écoresponsables sur le tournage de Falcon Lake. « Tout le monde était très motivé à faire des efforts. Nous étions plutôt une équipe jeune — dans la mi vingtaine ou la trentaine — et les jeunes ont maintenant à cœur de protéger l’environnement en minimisant leur empreinte écologique », explique Ji Won Jeong.
Organiser un tournage écoresponsable ne vient cependant pas sans défis, surtout lorsqu’il s’agit de collecter des preuves. Maintenir les gestes écoresponsables pendant tout le tournage, notamment dans les moments pressants et stressants, demande de la détermination. L’adjointe de production souligne aussi que s’il est facile de montrer ce qu’on a fait, il est plus difficile de montrer ce qu’on n’a pas fait. Par exemple, un des gestes écoresponsables était d’éviter le nettoyage à sec des costumes, mais comment le prouver s’ils ont été passés à la machine à laver à la maison ?
Aux prochaines productions intéressées par l’accréditation On tourne vert, Ji Won Jeong conseille de ne pas s’y prendre au dernier moment pour rassembler les preuves des actions écoresponsables. Elle insiste aussi sur l’importance de bien communiquer avec l’équipe pour éduquer ses membres aux bons gestes écoresponsables. « Un autre conseil important est de ne pas avoir peur de changer certains systèmes même si c’est vers la fin ou en plein milieu de la production. Il n’est jamais trop tard pour fournir plus d’effort et corriger nos fautes », conclut-elle.
Pour obtenir l’accréditation On tourne vert, les sociétés de production doivent remplir un formulaire en y décrivant les actions qu’elles ont prévu de mettre en place. Il existe plusieurs niveaux d’accréditation : le niveau 1 dit « Engagement » qui récompense au moins 12 actions écoresponsables, le niveau 2 dit « Performance » qui demande d’accumuler au moins 45 points et le niveau 3 dit « Excellence » qui demande d’accumuler au moins 85 points. Pour en savoir plus sur les modalités et vous faire accréditer par On tourne Vert, cliquez ici.